Le Bureau,
- Rappelant le chapitre V de la Convention et le chapitre I des Directives opérationnelles concernant l’approbation des demandes d’assistance internationale,
- Ayant examiné le document ITH/14/9.COM 4.BUR/1 ainsi que la demande d’assistance internationale n 00840,
- Prend note que l’Argentine a demandé une assistance internationale d’un montant de 24 100dollars des États-Unis pour un projet intitulé « Récupération de phonogrammes et mémoire orale du tango à Buenos Aires » :
En dépit de sa popularité mondiale, le tango est confronté à un certain nombre de menaces telles que la pénurie importante d’études universitaires, de travaux de recherche et d’enregistrements de base, la détérioration progressive des partitions musicales et des phonogrammes, et l’intérêt croissant des collectionneurs étrangers qui acquièrent des enregistrements rares de tango et les emportent à l’étranger. Le projet proposé porte sur deux aspects jugés parmi les plus menacés : les enregistrements sonores de la période connue sous le nom de Guardia Vieja (avant 1920) et les témoignages oraux de la génération de « l’âge d’or » du tango (1935-1955). Le projet sera entrepris par le Centre Forum et études culturelles argentines (Centro’feca) et visera à sauvegarder des phonogrammes et des témoignages oraux sur le tango, à garantir leur disponibilité au public et à sensibiliser la population aux menaces qui pèsent sur le tango et à l’importance de le sauvegarder. Le projet comprend trois volets : numérisation et montage de phonogrammes et production de CD, réalisation d’entretiens sur « l’âge d’or » du tango par des étudiants en histoire du tango et organisation d’ateliers de sensibilisation et de formation dans les centres culturels, les clubs de quartier et les écoles primaires et secondaires.
- Décide que, à partir des informations fournies dans le dossier n 00840, la demande répond aux critères d’octroi d’assistance internationale définis dans les paragraphes 10 et 12 des Directives opérationnelles comme suit :
a. La conception et faisabilité des activités proposées (critère A.3) peuvent être mises en cause, leur contribution à la pratique continue et à la transmission du tango n’étant pas clairement montrée dans la demande, qui met particulièrement l’accent sur la recherche et la documentation sans démontrer comment elles assureront la viabilité du tango en tant qu’expression vivante. Les risques décelés ne sont pas décrits comme menaçant la viabilité du tango en tant que pratique mais plutôt comme menaçant un corpus d’archives sonores et de témoignages. De ce fait, la demande ne parvient pas à démontrer que les activités proposées (c’est-à-dire la préservation de ces documents) sont bien conçues pour renforcer la « pratique et la transmission des connaissances relatives au tango à la communauté du tango ». Le niveau de généralité de certaines des informations fournies ne permet pas au lecteur de déterminer la faisabilité des activités proposées, ni d’évaluer comment elles pourraient contribuer efficacement à garantir la pratique et la transmission actuelles et futures du « large éventail de coutumes, de croyances et de rituels » qui sont incarnés par le tango. La demande ne fournit pas d’explication concernant la façon dont les enregistrements et les entretiens conservés enrichiront en retour les pratiques contemporaines du tango. Étant donné que les deux premiers volets du projet sont la collecte et la systématisation d’une mémoire du tango menacée par des raisons techniques liées à la qualité des anciens enregistrements et par l’âge avancé des membres de la génération de l’âge d’or, la séquence d’activités proposée semble problématique. Par exemple, les ateliers qui pourraient réellement bénéficier des matériels collectés sont prévus pour commencer au septième mois de mise en œuvre, alors que la numérisation audio sera encore en cours et que le montage des entretiens n’aura pas encore commencé.
b. Les prévisions de dépenses ne sont pas suffisamment précisées et détaillées pour fournir une justification suffisante, permettre aux frais réels d’être directement comparés aux projections budgétaires ou justifier de manière adéquate les sommes demandées. En général, les informations budgétaires fournies ne permettent pas au Bureau d’évaluer si le montant de l’assistance demandée est adapté (critère A.2). La demande n’expose pas en détail les coûts qui seront entièrement assumés par Centro’feca et ceux qui seront pris en charge par le Fonds du patrimoine culturel immatériel (critère A.5).
c. Bien que la demande fournisse quelques renseignements sur ceux qui pourraient être indirectement associés ou avoir des liens avec le tango en général, les communautés qui seraient effectivement impliquées dans le projet pour lequel une assistance est demandée ne sont pas clairement identifiées. La communauté mentionnée tout au long de la demande est si large et variée qu’il est difficile pour le lecteur de comprendre le rôle joué par chacune de ces composantes (musiciens, danseurs, chercheurs, organisateurs et employés des clubs de quartier) dans l’élaboration de la demande et dans la future mise en œuvre des activités proposées (critère A.1). Au lieu de cela, les informations fournies semblent être axées sur ceux dont on obtiendra et recueillera les réunir, témoignages et contributions et laisser la mise en œuvre effective des activités aux mains de l’organisation chargée de l’exécution et de ses partenaires.
d. Le potentiel du projet pour produire des résultats durables (critère A.4) ou de renforcer les capacités dans le domaine du patrimoine culturel immatériel (critère A.6) n’est pas abordé concrètement mais plutôt d’une manière générale qui n’est pas facilement rattachable aux activités proposées. Par exemple, un « inventaire général du tango » est cité en tant qu’atout majeur pour le renforcement des capacités des parties impliquées dans le projet et pour sa viabilité après la fin des financements, mais il ne semble pas en lien avec les objectifs du projet tels que décrits. De même, permettre l’élaboration et l’application de politiques publiques est mentionné comme un impact possible du projet pour les centres culturels, les clubs de quartier et les organisateurs des milongas, mais le lecteur ne peut établir de lien entre cette information et le reste des renseignements donnés, puisque le projet ne semble pas envisager de formation à l’élaboration de politiques publiques.
e. S’agissant d’activités financées auparavant (critère A.7), l’Argentine a bénéficié du Fonds-en-dépôt UNESCO-Japon au titre du projet « Renforcement des capacités nationales pour une sauvegarde efficace du patrimoine culturel immatériel en l’Argentine, Paraguay et Uruguay » (2012-2014) ; dans ce contexte, les tâches stipulées par le contrat avec Centro’feca en lien avec ce projet ont été effectuées conformément aux réglementations de l’UNESCO.
5. Décide de ne pas approuver la demande d’assistance internationale de l’Argentine pour le « Récupération de phonogrammes et mémoire orale du tango à Buenos Aires ».